Baramalice

DIRE NON

10 Avril 2010 , Rédigé par baramalice Publié dans #la page d'Amélie Gahete

DIRE NON


non-centrifugeuse 

 

"Je dois répéter dix fois la même chose"
"Comment savoir dire "non" à mon enfant ?"
"Pourquoi ai-je l'impression qu'il ne m'écoute pas ?"
"Parfois je parle dans le vide"
"Même si je dis "stop" il continue..."


Souvent, les parents se plaignent et se culpabilisent d'avoir l'impression de dire "non" sans arrêt à leur enfant.
Nous parlons ici de la petite enfance à l'âge du primaire inclus.
Le constat fréquent, source de ce malaise, est que le "non" est exprimé comme une pulsion, un automatisme.

Il semble que la difficulté soit de mesurer la pertinence du "non" prononcé à nos enfants.
La seconde difficulté tient à l'oubli de la valeur du "oui", qui est à la fois plus facile à donner.

Autrement dit, le "non" comme le "oui" sont parfois utilisés par fatigue, lassitude, impatience, voire par facilité, une facilité très temporaire puisque nous savons que l'énergie de l'enfant, sa soif de plaisir, sont intarissables.

 


Le fait de dire "non" à un enfant est l'une des manières de prononcer le sens de la hiérarchie.
Un enseignant, un parent, disant à un enfant : - Je ne suis pas d'accord- exprime un refus face au comportement de l'enfant, et

ce dernier va probablement ressentir une frustration, un déplaisir, voire de la colère.

Mais il aura entendu, par le "non" de l'adulte, deux faits incontournables :

1/ On n'obtient jamais tout ce que l'on voudrait.
2/ L'adulte n'est pas un "copain" : les relations ne sont pas horizontales.

C'est important que tout petit, l'enfant comprenne cela, parce que d'une part c'est très difficile à intégrer, et d'autre part,

l'acceptation de ces données vont l'aider à se construire en sachant vivre correctement avec autrui.

 

 

 

mecoutepas
 

 

 

 

"POURQUOI AI-JE L'IMPRESSION QU'IL NE M'ECOUTE PAS ?"

 

 

 

Devant ce qui semble être une gêne au plaisir, l'enfant va avoir tendance à répéter le geste interdit, et les adultes que nous sommes avant tout intérêt à ne pas céder : Tout d'abord afin d'être crédibles aux yeux de l'enfant, ensuite pour qu'il sache que notre "non" n'est pas variable.

Répéter le geste ou le comportement, pour l'enfant, est une tentative, entre autres, de finir par obtenir notre lâcher prise.


Il va de soi que si nous cédons, la porte s'ouvre à une répétition, parce que l'enfant aura saisi qu'au bout d'un moment, nous
abdiquerons.
Alors notre "non" n'aura plus de valeur.


Est-ce que je peux justifier mon non ? Autrement dit, mes "non" sont-ils systématiques et toujours utiles ?


Il arrive que des parents aient l'impression que leur enfant refuse tout, dit perpétuellement "non" parce qu'eux-mêmes ont cette

attitude fréquente au quotidien.

Bien sûr que nos enfants prennent modèle sur leurs parents, et il est un âge où l'enfant, même devant un plat qu'il aime, va le

refuser.
Mais ce "non"-là est davantage dû à une volonté de l'enfant de s'autonomiser, de se définir.
Plus tard, l'enfant dira "non" pour la même raison, augmentée du fait qu'il est en situation de rivalité.

Ne prenons pas les "non" de nos enfants au pied de la lettre.
Il est bon, souvent, d'ignorer le refus de l'enfant, cela évite un conflit inutile et ne lui fait pas perdre la face.

 

 

 

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 "JE DOIS REPETER DIX FOIS LA MEME CHOSE"

 

 

L'enfant a parfaitement entendu votre refus. Il va réitérer sa demande, ou se mettre en mode colère, tout simplement par difficulté d'accepter de ne pas avoir ce qu'il désirait.

"Il fait tout pour m'énerver"
Concernant les petits, l'enfant ne cherche pas à vous agacer, mais juste à tester la valeur du cadre.
Il a le droit d'être en colère et vous pouvez le lui dire, en ajoutant que néanmoins vous ne cèderez pas.


La plupart du temps, tout se joue autour du plaisir à atteindre.

Il en va ainsi de l'enfant de 3 ans qui fait rouler une petite voiture sur le grand miroir mural. Le parent peut répéter vingt fois que ce jeu est interdit, que la voiture risque de rayer le miroir, que cela fait un bruit de crissement difficilement supportable, l'enfant répète son jeu, non pour vous ennuyer, mais parce que.. c'est un jeu !

 

Peu à peu, il intègrera votre refus définitif et cessera de prendre le miroir pour une route nationale. Voire même, il répètera

vos mots à son petit frère ou sa petite soeur.

 

 

 

 

 coeur

 

 

 

PT'ET' BEN Qu'OUI, PT'ET' BEN QU'NON

 


Une des difficultés à maintenir votre "non" tient parfois aux contradictions du couple, que ce soit une famille recomposée ou non.
Nous pouvons constater que souvent, l'un des parents souffre d'être la machine à dire "non", tandis que l'autre semble plus
laxiste ou simplement moins rigoureux.

 

 

Ces différences peuvent être riches si chacun accepte de reconnaître le moment où le "non" est véritablement nécessaire.
L'enfant ne sera jamais bien si un parent décide qu'il est l'heure de prendre le bain et que l'autre adulte, voyant le petit
rechigner, commente à voix haute : - Il peut jouer encore un peu...

Sur l'instant, cet enfant sera heureux d'avoir un allié, mais au fond, cette contradiction risquant de se reproduire, il ne sera pas assuré de la valeur de la parole des adultes.


Que se passerait-il si nous disions sans cesse "oui" à chaque demande, réclamation, ou obstination de l'enfant ?


Une maman :
- Ma fille, je lui dis "oui" tout le temps et il me semble qu'elle est parfaitement bien et normale.

Une autre maman (institutrice de l'enfant) :
- Vous ne lui dites pas "oui" tout le temps, ce n'est pas vrai de le dire ainsi.

 

La première maman :
- Dehors, je tiens en effet à ce qu'elle respecte les règles, donc il m'arrive de lui refuser, mais à la maison, je ne dis
jamais "non". Quoi que.. Elle a trois ans et c'est vrai qu'avant, elle allait faire son petit marché dans la cuisine à n'importe quel moment. Je lui ai expliqué qu'elle doit demander. Maintenant elle demande, mais de toute manière je lui dis toujours oui.

 

 

Dans ce cas de figure, la maman inscrit tout de même un cadre à l'intérieur duquel sa fille peut se mouvoir, à condition de respecter les règles dictées par sa mère, laquelle reconnaît aussi qu'elle a fait de gros progrès au fur et à mesure de sa fréquentation des rencontres à thème.
Cette maman reconnaît que le fait d'imposer des règles est une manière de refuser à son enfant un semblant de liberté qui ne
serait qu'anarchie, d'autant que deux autres petits prennent modèle sur leur soeur.


Repousser les limites en répétant dix fois la même demande, c'est pour l'enfant, tenter de jouer avec la faiblesse que l'un des deux parents a en lui et que l'enfant ressent.


Exemple : Hugo, un enfant de la crèche, semblait ne pas entendre les interdits, et recommençait cinq, dix fois le même comportement : se lever de table et prendre le dessert alors qu'il n'avait pas terminé le plat de légumes. Jusqu'au jour où l'adulte a demandé :
- Mais Hugo, qu'est-ce que tu veux au fond ?
Et l'enfant de répondre :
- Je veux une fessée.

 

 

Pour des raisons un peu longues à expliquer, Hugo venait de dire : - Je veux que tu me grondes.
Et, fort simplement, une fois les limites posées avec fermeté, Hugo a cessé de chercher les limites.
Nous avons, après le déjeuner, joué à "la fessée". Une quinzaine d'enfants en voulaient une. Il va de soi qu'aucun adulte ne la
donnait, sans compter que la plupart des enfants ne savaient pas ce qu'est une fessée, pressentant vaguement qu'il s'agissait d'une manière de gronder.
Mais puisqu'il s'agissait d'un jeu, cela fut l'occasion de parler de la loi avec le groupe des grands.


Un enfant qui ne reçoit pas de limites claires et un enfant angoissé.

Une maman ajoute :
- Et frustré.

La frustration est essentielle parce qu'elle fait partie de la réalité de la vie, et malgré tous nos souhaits cachés, l'enfant s'y trouvera confronté assez vite :
A la crèche ou dans un autre lieu d'accueil, à l'école, avec une voisine, des grands-parents, à cause du feu vert qui nous
empêche de courir en traversant, parce que le vélo est cassé et qu'il faut attendre que quelqu'un le répare, parce que le magasin est fermé et si forte soit maman, ce n'est pas elle qui décide de son ouverture, et mille autres petites choses de la vie qui nous frustrent et barrent notre plaisir.

 

 

amour propre copyright image privee

 

 

MON AMOUR, BEN IL EST PROPRE

 


Une maman :
- C'est compliqué.... Parce que chez moi, c'est :
- Et ben non je ne prendrai pas mon bain, non je ne f'rai pas mes devoirs et pis d'abord j'dirai au maître que c'est toi qu'as
pas voulu que je les fasse, etc etc.
J'ai des jumeaux, 7 ans et demi. L'un, ça va, mais avec l'autre c'est terrible.

 

- Que dites-vous à cet enfant ?

 

- S'il ne veut pas prendre son bain, je le laisse. Il y va de lui-même un moment après. Si je dis "non" à quelque chose, il tape dans les portes, fait tomber tout ce qui est à sa portée. Alors j'attends qu'il se calme et je lui demande de ranger et il le fait.

 

- Donc nous ne sommes pas dans un conflit permanent, sans issue ?

La maman :

- Non, pas vraiment, même si pour moi c'est tendu. Par exemple, si je lui refuse quelque chose, il répond : - Je le ferai quand même. Et en voyant mon regard, il finit par obéir.


C'est le cas de figure de ces enfants qui semblent nous défier, nous braver, et pour lesquels nous devons aller chercher en nous l'énergie de ne pas répondre systématiquement à leurs réflexions. Ce petit garçon a un amour propre qui lui fait se rebeller, mais au fond il obtempère.

 

C'est important, parce que la valeur de notre "non" a d'autant plus de poids si nous ne relevons pas sans cesse leurs réponses

de refus. Parfois, il est plus efficace de ne pas entrer dans le conflit verbal.

 


 

chemin

 

 

 

 

PASSAGE A L'ACTE ET CHEMINS DETOURNES

 


Une maman :

- Oui.. mais s'ils n'obéissent pas ? Au : viens manger - prends ton bain - fais tes devoirs ?
Ma fille, 8 ans, voulait passer par un petit chemin. Je lui ai refusé parce que j'étais un peu pressée, nous devions aller
chercher sa soeur à l'école et le lui avais expliqué.
Elle m'a répondu : - SI ! Je prends le chemin !

Et elle a filé seule.
J'ai donc dû l'attendre puisque ce chemin est plus long. J'étais davantage hors de moi à cause du ton qu'elle avait pris pour me
répondre. Je lui ai donné une fessée. Mais bon.. elle a 8 ans.


Ici, le ton utilisé par l'enfant vis-à-vis de sa mère est certes répréhensible et non acceptable, mais le passage à l'acte est un peu plus problématique.
 

L'enfant doit entendre du parent les deux soucis :
Le premier, qui est la manière de parler à sa mère, laquelle ne peut absolument pas recevoir ce ton.
Le second, qui est de faire comprendre à l'enfant qu'elle s'est comportée, au contraire de ce qu'elle imagine, comme un tout
petit enfant en qui on ne peut faire confiance.
Parce qu'il semble que cette petite-fille agit sous impulsion sans évaluer les conséquences possibles de ses actes.

 

Elle pourrait alors aussi bien traverser la rue sans faire attention à elle.

La maman dit qu'elle a justement ce problème, à propos de la circulation. Sa fille, par exemple, froissée par une broutille, décidant d'aller se poser au milieu de la rue.

 


Il est important pour les parents, de pouvoir évaluer le degré et les effets de la désobéissance de nos enfants. Il semble que cette petite-fille, probablement pour afficher son autonomie, ou peut-être pour se démarquer, soit de sa petite soeur, soit vis -à-vis de l'un des parents, ou les deux, en arrive à se mettre en danger.

 

 

 

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PRISE DE RISQUES


La maman, très émue, avoue qu'il s'agit très exactement de cela : elle sent que sa fille se met en danger et qu'elle est perdue face à ce comportement. Elle ajoute ignorer si l'attitude de son enfant est inconsciente ou non, mais quoi qu'il en soit, en tant que maman et adulte, elle est elle-même égarée et ne sait pas comment réagir, quoi en dire, quoi en faire.


Cette maman comprend mieux pourquoi c'est le passage à l'acte en prenant le chemin seule malgré le refus de sa mère qui est problématique. Parce que cette enfant, cette fois, met son corps dans une position qui, dans une autre circonstance, pourrait la dépasser.

 

La maman a testé des autorisations en gardant un oeil sur l'enfant, avec des règles établies, mais elle voit bien que cela ne fonctionne pas.

Il s'agit donc de comprendre, d'essayer maintenant de décoder ce que l'enfant signifie en ce braquant systématiquement jusqu'à mettre en acte son obstination.

Par exemple, y a-t-il d'autres enfants encore ?
Comment fonctionne la notion de confiance dans la maison ?


En l'occurrence, cette petite-fille de 8 ans a une soeur aînée, âgée de 11 ans, qui met parfois du temps à répondre à une demande de la maman, mais qui finit par obéir.

 

La maman gère donc la confiance selon le mode suivant : - Prouve-moi que je peux me fier à toi et le moment venu, tu auras droit à une liberté supplémentaire. Ce qui est en soi plutôt constructif.
Autrement dit, la maman, soutenue par son mari, restreint à sa fille des occasions d'autonomie, par exemple aller seule à
l'école.


Une maman demande très justement si la petite-fille de 8 ans ne peut pas être dans l'imitation de son aînée, qui est préadolescente.
Ceci pourrait être le cas si ce n'était pas fréquent. Il semble que sa manière de prendre des risques lui appartienne en propre.

 

 

La maman :
- Je n'ose véritablement plus lui laisser beaucoup de champs libres, parce que quand bien même, par exemple, elle n'a nul besoin
de traverser la rue pour aller à l'école, si l'envie ou .. je ne sais quel mot utiliser... lui vient de foncer sur le boulevard, elle est tout à fait capable de le faire.

 

 

Nous avons donc une enfant de 8 ans qui est en prise de risques et il serait donc intéressant de comprendre ce qui fait agir l'enfant dans un registre pouvant la mettre en danger, parce qu'il semble ici que l'enfant mette directement sa mise en danger dans le cadre de la relation à ses parents.

 

 

 

spielstrasse

 

 


L'ARBRE QUI CACHE LA FORET

 


A cette question, c'est avec émotion que la maman explique :
- C'est vrai qu'elle a été malade. Enfin, elle EST malade. Elle fait de l'asthme et ne prend jamais son traitement. Elle oublie
de l'emmener avec elle, je dois lui répéter dix fois pour qu'elle le mette dans son cartable.


Voilà une petite fille de 8 ans, tout à fait consciente des conséquences possibles si elle n'avait pas sa Ventoline au moment où il la lui faudrait, et qui n'a pas appris à gérer son corps, donc son asthme.
Elle va jusqu'à placer sa maman en position de devoir lui répéter sans cesse de mettre son médicament dans le cartable.

Dans le registre affectif de la relation, la petite-fille n'a pas appris à avoir confiance en elle vis-à-vis de sa relation à son corps malade et elle sent que sa maman y pourvoit, tant le risque d'hospitalisation est important s'il y a une crise d'asthme et pas le traitement à portée de main.


Jusqu'ici, sa maman est son médicament (c'est elle qui y pense, c'est elle qui répète à l'enfant de le prendre, etc).
L'enfant prend donc des chemins de traverses, au sens propre et figuré.


Si les parents parviennent, malgré l'angoisse, et après une conversation claire et calme avec l'enfant, à lui dire :
- Dorénavant, et parce qu'il s'agit de TON corps et de TA maladie, il faut que tu penses TOI-MEME à emmener ton médicament avec
toi, il se peut que l'enfant intègre totalemen  la notion de danger.
Elle n'attend peut-être que cela.

 

La maman, accompagnée du papa, après avoir mis un mouchoir sur son anxiété, peut dire à sa fille :
- Je m'interroge beaucoup sur ce que tu fais en ce moment, des cates qui te dépassent et dont tu n'imagines pas les risques.
Je connais un risque que tu cours, c'est d'avoir une crise d'asthme parce que tu as oublié ton médicament. Alors oui, je vais te
faire confiance, et c'est ta maladie, pas la mienne, donc je ne te rappellerai plus dix fois en une heure le matin d'y penser.

C'est à toi de le faire. Ce danger-là, tu peux le courir.

 

 

Parce que le jeu de la non-confiance, cette enfant le retourne sans arrêt. C'est comme si elle disait :
- Tu ne me fais pas confiance pour ma maladie et tu me traites comme un bébé. Et bien je ne vais te satisfaire : Je vais faire
le bébé qui prend les petits chemins et qui s'arrête en plein milieu de la rue.

 

Si ce souci se résoud, alors la petite-fille abordera peut-être, enfin, des questions qu'elle n'a jamais posées :
- Pourquoi ai-je de l'asthme ? Ca vient d'où ? De qui ?
Et c'est elle qui portera sa maladie, ce ne sera plus sa maman ou son papa.


La maman dit qu'en effet, la culpabilité des parents concernant le fait que leur fille soit asthmatique, est très lourde.
Mais la peur aussi.

 

Sauf que si l'enfant est mise en face du SEUL danger qui LA concerne, et qu'elle sent que ses parents lui disent :
- C'est à toi de prendre en charge ce danger, L'enfant n'aura sans doute plus la même relation avec ses prises de danger. Elle saura mieux les évaluer, ou ne sentira peut-
être plus le besoin de s'y confronter ni de défier la crainte de sa mère.

La maman, émue, dit que finalement, cela lui semble être la solution.

 

 

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OBJECTIF : MOI...JE


Un papa :


- Je vis avec une femme dont les deux enfants ne sont pas les miens génétiquement. La petite, âgée de 6 ans et demi, et ce

depuis toujours aux dires de sa mère, n'entend pas le "non". Elle a même un comportement social qui pourrait laisser penser :
"Haa que cette enfant est mal éduquée !" alors que, pour vivre dans la maison, je sais que ce n'est pas le cas.

 

Dans un magasin, elle est capable de bousculer tout le monde, sans s'excuser, parce qu'elle a décidé d'aller jusqu'à tel présentoir. Elle a son objectif, elle fera tout pour l'atteindre, en dépit du respect élémentaire.
D'une manière générale, elle tient tête et s'obstine.

A l'école -elle est en CP- son comportement est sensiblement le même, un peu moins marqué en raison de l'autorité de l'institutrice, mais elle n'est pas totalement différente.

A la maison, par exemple aux repas, elle et sa soeur, aînée, ont une alliance complice, et quasi systématiquement, mettent la maman en difficulté pour voir jusqu'où elle cèdera ou tiendra. C'est plutôt de l'ordre du défi.

 

Autant, dans une famille où plusieurs enfants vivent, l'on peut remarquer des caractères différents, autant on peut difficilement penser qu'un enfant a "toujours" été rebelle à la loi, par exemple. Sauf si celle-ci n'a pas été formulée de manière claire.

 

Ici, la séparation des parents est récente, puisque datant d'un peu plus d'un an. Le papa, ou plus exactement le nouveau compagnon de la maman, s'est véritablement installé depuis six mois.
Pour les enfants, ce sont donc deux événements importants et récents et concernant cette enfant, ce fut dans la période où elle
est passée de la maternelle à l'école primaire.

 

Par ailleurs, les parents naturels des enfants, donc les enfants elles-mêmes, restent assez secrets sur la séparation.
Le nouveau compagnon n'a pas de mal à en parler, mais il est clair que la maman, le papa, et les enfants n'abordent jamais le
sujet.

Le couple recomposé est en parfaite harmonie concernant l'autorité et les enfants, actuellement, ne remettent pas en cause la place que le nouveau compagnon a prise auprès d'elles.

Il semble donc que le problème se situe davantage du côté du couple parental séparé, prenant les enfants comme enjeu, ce qui déstabiliserait la petite de 6 ans et demi.

 

 

TA FILLE A TOI

 

 

 

 


JE NE SUIS PAS "QUE" LA SECONDE..JE SUIS "MOI TA FILLE"


Souvent, le second de la fratrie est dans une situation de "jamais assez".
Les parents ont eu un premier enfant, qui durant un certain temps, a été seul avec eux et a bénéficié de cette relation
véritablement "unique".

D'autant plus unique que ce premier nous a aidés à devenir parents.

Si nous regardons le cercle familial, nous pouvons nous apercevoir qu'il est très rare de nous retrouver seuls avec le second.


Mais en imaginant, en créant des moments particuliers, nous pouvons répondre à la demande du second, qui ne fait que demander à
mots couverts : - Montrez-moi que j'existe de manière unique.

 

Cela m'évoque, et c'est un exemple flagrant, le second d'une fratrie de trois garçons : 8 ans, 3 ans et 9 mois.
Le second, âgé donc de 3 ans, n'arrive pas encore à concevoir qu'il a un "grand frère". Chaque fois que de manière tout à fait
spontanée, il est question de sa place, il dit clairement : - Mes petits frères.
Le fait d'avoir un "grand frère" est pour lui une difficulté conceptuelle.

Donc nous voyons parfois des seconds qui bougent, font du bruit, nous provoquent, afin de s'assurer qu'ils sont considérés de manière particulière.

 

C'est ainsi qu'il n'est pas juste de prétendre les aimer de la même manière. Nous étions différents chaque fois que nous les avons attendus puis accueillis, et eux-mêmes sont différents les uns des autres.
Notre amour pour eux est aussi fort, mais différent.
Et les provocations naissent souvent de cette acceptation difficile à vivre ou à reconnaître de la part des parents.


Une maman :

- J'ai exactement le même problème avec ma seconde fille, âgée de 3 ans. Lorsque nous allons au parc, je la préviens, par

exemple en lui disant une première fois :  - Dans dix minutes, on s'en va-. Puis une seconde fois je lui dis : - Dans cinq minutes on s'en va-.
Ce moment est toujours difficile et la dernière fois, par mécontentement, elle a filé à la grille du parc, me rendant folle
d'angoisse parce que je ne savais absolument pas si elle s'arrêterait ou si elle irait jusqu'à, peut-être, descendre sur la chaussée.

 

 

Est-ce que l'enfant a appris les risques de la circulation ? Est-ce que les parents lui ont régulièrement expliqué qu'on s'arrête impérativement au bord du trottoir ?

 

La maman répond en souriant :
- Non. En effet, l'âinée n'ayant jamais posé ce type de souci, je n'ai pas appris cela à ma seconde fille.

 

On voit bien ici que souvent, nous nous reposons sur l'apprentissage que le premier enfant nous a aidé à faire, et que nous oublions, à des moments "clés", que le second réagira sans doute différemment.

Alors cette enfant, prise dans la frustration de devoir arrêter de jouer au parc, a voulu marquer sa colère en faisant peur à sa maman, peur d'autant plus grande que la maman était confronté à l'inconnu de la réaction de sa fille face à la rue et ses dangers.

Ici, à trois ans, l'enfant peut apprendre, en jouant, les dangers de la rue, ce qui donnera lieu ensuite à une confiance donnée, à petits pas.
Le fait, ensuite, d'accepter de quitter le parc au moment où la maman le décide, donnera lieu au plaisir d'être grande et
d'avoir le droit d'attendre seule à la grille, puis de pouvoir passer la grille et d'attendre derrière. Etc.

 

 


m'en fous j'menvais

 

 

QUAND LES ENFANTS SONT FACHES APRES LES ADULTES


Un papa :

- Sur un autre registre, ma compagne et moi sommes embarrassés par l'attitude de l'aînée, 9 ans, qui se comporte de manière incorrecte en public.
Nous sommes par exemple invités, et il n'a de cesse que de parasiter l'ambiance par des remarques telles que :
- Je m'ennuie (à répétion, haut et fort) - Je n'aime pas les haricots - La crème chantilly ça me fait vomir - etc...
Mon sentiment, lorsque je le vois faire, est de sentir à quel point sa maman est alors vulnérable, puisque moi-même, qui ne suis
pas son père, je ressens une forme de gêne honteuse à voir ce petit garçon se comporter ainsi.

Là encore, je suis d'autant plus désarçonné que je sais profondément qu'il n'a pas été éduqué dans cette forme d'incorrection.

 

 


Ici, même s'il s'agit presque d'un autre thème, on peut imaginer que l'enfant, pour des raisons obscures, éprouve le besoin de saboter et parasiter le plaisir du couple à se retrouver entre amis.

Le point commun est que ce garçon de 9 ans se comporte comme sa soeur (CF. plus haut) âgée de 6 ans et demi, qui bouscule les gens dans les magasins. Là aussi, les règles sociales minimales sont ignorées.

 

Le compagnon de la maman des enfants est d'autant plus ennuyé qu'il sent, à ces moments-là, qu'elle est au bord de quitter l'ensemble des amis et de ramener les enfants à la maison.


Ce n'est pas à la maman de partir. Les enfants doivent, quel que soit leur comportement, entendre que leur maman partira lorsqu'elle en aura envie.
Son compagnon lui a donné le même avis il y a peu de temps.


Mais rien n'empêche que l'un des adultes, la maman ou le compagnon, sorte avec l'enfant pour lui expliquer clairement que son attitude est inacceptable et fort incorrecte.
Tous les adultes dignes de ce nom comprendraient fort bien cette situation et puis, au retour de l'enfant, continueraient à
parler spontanément. L'enfant y sauverait son amour propre.
Il reste peut-être, ensuite, à aider les deux enfants à parler de leur colère envers les adultes.

 

 

 

 patate chaude

 

 

 

LA PATATE CHAUDE

 

Un papa :

- Lorsque la maman de notre enfant et moi nous sommes séparés, j'ai été désemparé avec "la patate chaude" de la culpabilité, durant six moix. Notre fils a quatre ans.
Et bien, de la même manière, il m'a pourri la vie pendant ces six mois.
Parce qu'il avait en face de lui un père qui n'en était plus un.
Il me sentait déstabilisé et c'est lui qui tenait le levier pour obtenir tout et n'importe quoi.
Mais au fond, c'est parce que de me sentir fragilisé, lui-même l'était.

Une fois qu'on a trouvé sur quel levier l'enfant appuie, nous pouvons changer les choses, modifier notre comportement de sorte que le "levier" ne marche plus.

 

Le même papa, se trouvant par ailleurs être instituteur se souvient de ses débuts :
- Recevant un lundi un couple de parents accompagnant leur petite en CP, qui avait durant le week-end, frappé sa mère à coups de
poings, en raison d'une grosse colère.

La mère demandant à l'institeur d'expliquer à l'enfant que ce geste est interdit, ce qu'il s'est refusé à faire.

 

Il a pu dire qu'il appartenait aux parents de nommer la loi à cette petite fille.
Le père ne pouvait pas le faire, parce qu'il traversait une période de mésestime de lui, ayant à 50 ans perdu son travail et
n'en ayant pas retrouvé, après des années de recherches.
De ne plus se sentir être un homme, il ne se sentait plus être un père.
La petite fille essayait certainement de pousser ses parents à reprendre leur place, et les parents, faute de pouvoir décoder le
message, en appelait à l'instituteur comme s'il était un papa symbolique.


Une maman :

- Je m'aperçois que souvent, mon mari m'appelle lorsqu'il n'y arrive plus.


Nous devons apprendre à rendre à l'autre, conjoint, ami, compagnon, peu importe le terme, la place qui lui revient.
Et si l'habitude s'installe de voir l'un des deux nous appeler à l'aide pour gérer un des enfants, il est important de lui dire
:
- Je ne m'occupe pas de cette situation. Elle a commencé avec toi, c'est à toi de l'assumer.

Cela redonnerait à l'adulte une image de confiance, et permettrait à l'enfant de sentir qu'aucun des adultes ne semble fragile.

 

Enfin, quelques parents évoquent l'enfant qui dit "non" mais mange tout de même, ou qui dit : - J'allumerai la télé même si tu veux pas, mais qui ne l'allument pas.

 

 

Il est bon, et c'est écologique pour tous, que les parents sachent ne pas relever les "non" d'affirmation d'autonomie de l'enfant.
Il y a des "non" et des "Je le ferai quand même" , nécessaires à l'enfant pour grandir, mais qui ne valent pas la peine d'être
relevés.

 

 

 

 

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