Baramalice

l'autorité : c'est moi qui sais ce qui me faut !

12 Février 2009 , Rédigé par baramalice Publié dans #la page d'Amélie Gahete


Vendredi 6 février 2009, nous nous sommes retrouvés à Bara Cabanis, toujours sous l'égide de "L'Ecole et son quartier".
Le thème était :
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L'autorité
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Maman a dit que...
La maîtresse dit ceci...
Papa n'est pas d'accord
Je préfère moi... paskeu moi je sais ce qui me faut !
Vingt à 22 parents, des papas, et même... le grand-père qui s'est déplacé et était présent à l'école Lacore la veille.
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L'AUTORITE EST-CE "NE PAS AUTORISER", INTERDIRE, ABUSER ?


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Je commence par conter aux parents ce que je viens de voir, juste avant le débat, dans la salle ou enfants et parents
s'apprêtent chaque fois à se séparer, le temps de la rencontre.
Les adultes, un oeil sur leur enfant, buvaient un thé, un café, un jus d'orange, et les enfants continuaient à refaire le monde.
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J'ai vu un petit garçon, six ans, environ, "courir" avec excitation après une petite fille, probablement du même âge.
Ils avaient de toute évidence créé un décor, un scénario, et l'un des comédiens n'était pas satisfait. Le petit garçon ne
cessant de dire à sa partenaire :
- T'es pas une bonne maîtresse ! T'es vraiment pas une bonne maîtresse !
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Et ladite maîtresse jonglant, courant, lui disait : va au coin ! sans aucune conviction, fait est, et bien plus occupée à se
faire courir après.
Il va de soi que le petit garçon lui répétait qu'elle n'était pas une vraie bonne maîtresse.
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Dans cette première scène, que les parents présents avaient entendue, ou vue, sans y prendre une attention particulière, tout se
résumait :
La "maîtresse-institutrice" a UN pouvoir : elle est maternante mais recadrante, sévère parfois, voire autoritaire.
On la respecte et on l'aime AUSSI pour cela. Et cet ensemble nous rassure.
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On la craint peut-être par moments, on baisse le nez sous une remontrance, on rit avec elle, elle nous fait rire aussi, elle
connaît tant de choses qu'on en reste baba, elle nous encourage, on dirait presque une maman.
Mais on la respecte et même on l'aime. Parce qu'elle sait et puis en plus, elle met les points sur les "I" et les virgules à
leur place, même si la virgule, parfois, c'est nous.
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La seconde anecdote, plus lointaine dans le temps, est celle d'un frère.
Un soir à la tablée pleine d'enfants, la maman sert des petits pois, des carottes et du boeuf.
Un des frères, pour signifier son refus, sa colère, rugit, utilisant un mot qu'il vient probablement d'apprendre :
- Les petits pois, j'en veux pas, les petits pois ont une odeur, une odeur... nauséabonde !
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Devant le qualificatif, outrancier le silence s'installe. Et la maman qui a cuisiné, qui plus est pour pour sept personnes, lance
sur un ton tranquille  :
- Ce soir au menu il y a voyons voir: du boeuf, des carottes et des petits pois. Ce sera cela ou... rien. A toi de voir.

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Nous pouvons donc penser que marquer une forme d'autorité serait abuser de notre pouvoir d'adulte, soit au nom du savoir, ou de
notre taille, ou de notre supposés principes (moi, j'ai vécu, je sais ce qu'il te faut).
Nous pouvons, comme nombre de parents le ressentent, que marquer une forme d'autorité serait empêcher la liberté de notre
enfant, le rendre malheureux, lui donner l'impression d'un désamour.
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Un papa dira qu'en effet, les choses de la vie sont parfois compliquées au point que le parent craint à la fois de ne plus être
aimé s'il marque une forme d'autorité, d'interdit, autant qu'il craint que l'enfant, ne comprenant pas ou refusant le cadre, arrive à ne plus aimer son parent, au moins durant un temps.
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Après discussion, les parents s'entendent sur le fait de rencontrer le même problème, tout en sachant que l'amour ne se joue pas
sur un "non" ou un "c'est ainsi, pas autrement".
Mais alors, comment faire ?
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L'AUTORITE, EST-CE CONDUIRE SA BARQUE, PROTEGER, AUTORISER SANS TOUT PERMETTRE, LE TOUT AVEC BONNE HUMEUR ET RECUL, MAUVAISE

HUMEUR ET ON ASSUME ?
(ou : comment rire, expliquer, répéter, puis en avoir assez sans trop s'énerver)
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Une maman évoque son ambivalence avec intelligence : elle est convaincue qu'elle se doit de marquer des lignes, de transmettre
des valeurs auxquelles elle tient.
Mais elle garde en elle l'image d'un père rigide, colérique, parfois violent.
Si bien que lorsque son enfant pousse et repousse les limites, et qu'elle sent, après maintes explications, monter en elle la
colère, elle craint, peut-être, de ressembler à ce père qu'elle a eue et qui sans doute, dans son excessivité, lui faisait peur.
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Dans le silence des parents l'écoutant, l'on a bien senti que nombre d'entre nous avaient, à un moment ou un autre, vécu cette
difficulté, de marquer "notre" décision de parent, en souhaitant ne pas être méchants, mauvais, violents.
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Certains ont parfois frôlé la limite, certains l'ont franchie, une fois : un mot trop dur, un geste regrettable.
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Une jeune femme, non encore maman mais fille de.... évoque le souvenir qu'elle a d'une maman dont le métier est épuisant, et
qui, revenant le soir à la maison, semblait parfois 'décharger' sa fatigue sur les enfants, pour ce qui leur semblait un détail

: un objet dérangé, des pelures de fruits traînant sur la table, des jeux en travers du passage, un téléphone se déchargeant....
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Elle convient qu'ayant grandi, elle a pleinement conscience aujourd'hui de ces menus détails qui font que les parents peuvent
apparaître nerveux alors qu'ils sont fatigués, autant de la journée que d'avoir répété durant des mois les mêmes consignes.
- Le parent semble doublement exténué de voir un décor chamboulé à ses yeux, anodins aux notres, et nous, enfants, ne comprenons
pas qu'il voulait juste retrouver "son" décor pour "se" retrouver.
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L'AUTORITE, EST-CE LA PETITE SAGESSE QU'ON ASSUME DE JOUER POUR QUE NOS ENFANTS UN JOUR, Y JOUENT A LEUR TOUR ?
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A lyon, il existe un parc, immense, dont une partie est un espace zooligique, protégeant une grande proportion d'animaux

fragiles (Le Parc de la Tête d'Or... tout un programme !).
Entres autres iguanes, tortues de 350 kilos ou 20 grammes, existe une tribu de singes.
Chaque soir, le soigneur vient appeler la tribu à rentrer au chaud.
Et chaque jour, un des petits, ça va de soi, n'a pas envie, veut jouer, se met à grimper.
Et bien à force de patience et de temps, les soigneurs ont compris : il leur suffit d'appeler l'un des mâles dominants, lequel
va alors chercher le petit trublion et le ramène par la peau du cou dans le nid général.
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Sans autorité, un enfant se trouve insécure et perdu, quand bien même il paraît heureux.
Au bout de 18 mois, on s'aperçoit vite que cet enfant, sans repère ni règle, joue sa détresse sur le dos des autres :

agressivité, défi, méconnaissance du respect, jalousie, roulage par terre.
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Autant les parents peuvent, et c'est compréhensible, ne pas aimer voir leur enfant "malheureux", autant annoncer des règles, des
limites et tenir sa parole, sécurise profondément l'enfant. Il sent que le mur est solide, et qu'il ne pourra ni tourner autour

ni passer à travers.
Quitte après un énervement, à ce que la mère ou le père explique, clairement, qu'ils ont été excédés.
L'enfant apprend alors la notion et de respect et d'excuse présentée.
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Mais quoi qu'il en soit, l'autorité est celle du père et de la mère.
L'enfant doit entendre qu'il est enfant de... et non un "copain".
Le chemin vers l'éducation passe, et dure parfois des années, par l'échelle verticale : Sous mon toit, je décide.
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A
Je viens de lire, relire cet article. Je suis émue.Pouvez-vous en dire davantage sur ce sujet ? S'il vous plaît.
B
<br /> vous pouvez reprendre les compte-rendus D'Amélie dans la " page d'Amélie Gahete". Il y en a beaucoup qui parlent, au fond, d'autorité ...<br /> Vous pouvez aussi ouvrir un sujet sur "barablabla le forum", je suis bien sûre qu'Amélie viendrait y répondre que chacun s'y retrouverait.<br /> Et évidemment, nous vous invitons à la prochaine rencontre avec Amélie, qui sont toutes des rencontres ouvertes. La prochaine intervention à Bara est Le 17 avril, mais elle sera aussi les 2 et 3<br /> avril à l'école Berthelot et à Descartes Montesquieu . SI ça vous dit !<br /> <br /> <br />